sabato 8 agosto 2015

Cosette in parole e in immagini

Cosette était laide

Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelotait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre.
Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer.
Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte. La crainte était répandue sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte; la crainte ramenait ses coudes contre ses hanches, retirait ses talons sous ses jupes, lui faisait tenir le moins de place possible, ne lui laissait de souffle que le nécessaire, et était devenue ce qu’on pourrait appeler son habitude de corps, sans variation possible que d’augmenter. Il y avait au fond de sa prunelle un coin étonné où était la terreur.
Extrait des Misérables (Deuxième partie, Livre troisième, chapitre VIII) de Victor Hugo











                                                                                                                                                             Personaggio de I miserabili (1862) di Victor Hugo (1802-1885), Cosette è un personaggio entrato prepotentemente nell’immaginario collettivo: il suo tenero nome, «piccola cosa», evoca simbolismi precisi quali quello dell’innocenza, della verginità, della dolcezza. Così quest’angelo dai capelli chiari e dall’incarnato trasparente si affaccia sulla immensa scena dell’opera ugoliana nella seconda parte a lei intitolata: figlia della sfortunata Fantine e di un giovane borghese dileguatosi dopo averla concepita, a tre anni la piccina è affidata dalla madre alle cure dei coniugi Thénardier, i quali promettono, in cambio di denaro, di accudirla e di allevarla nella loro locanda a Montfermeil. In realtà, essi la banalizzano e la riducono quasi in schiavitù; la piccola, che il narratore paragona a «un topolino al servizio di un elefante» (II, III, 2), viene, infatti, picchiata selvaggiamente dalla donna e costretta dal perfido tutore a camminare a piedi nudi in pieno inverno nonché a svolgere i lavori più pesanti nella locanda, finendo col relegarsi volontariamente nella sua «nicchia» a lavorare a maglia nei pochi momenti riservati al riposo. Attraverso le immagini talvolta sconcertanti che Hugo propone al lettore si intravede, insomma, quella che Renée de Smirnoff definisce «un’infanzia martire», tema caro all’autore e da lui denunciato in modo netto proprio attraverso il personaggio di Cosette.
Le premesse sembrano dunque sfavorevoli all’avvenire di questa nuova Cenerentola, triste prigioniera della megera Thénardier e delle due sorellastre Éponine e Azelma fino all’età di otto anni. Ma, come in una favola, il destino di Cosette si ribalta regalando a questo ange misérable la serenità e la gioia, che entrano improvvisamente nella sua esistenza assieme a Jean Valjean: questo patrigno benevolo, tenendo fede a una promessa pronunciata al capezzale di Fantine, alleverà la sua piccola «Fauvette» con un’autentica adorazione, dapprima insegnandole a leggere e, in seguito, permettendole di ottenere un’istruzione adeguata presso il convento Petit-Picpus a Parigi. Gli anni dell’adolescenza di Cosette trascorrono lieti, scanditi da passeggiate e risate in compagnia di quello che la giovane «chiamava padre, giacché non gli conosceva altro nome» (II, IV, 3). Alla figura della bambina infelice si sostituisce, così, quella dell’adolescente e della donna appagata, colta e amata dal patrigno e dal giovane aristocratico Marius de Pontmercy che farà di lei una baronessa. Nel passaggio di Cosette dall’infanzia alla maturità si crea dunque uno sdoppiamento di immagine che, come sostiene Nicole Savy, confluisce in «un autentico iato ideologico». Ciò è tuttavia necessario affinché si compia il capovolgimento di un destino che in principio appariva irrimediabilmente compromesso: gli anni di patimento trascorsi dai Thénardier sembrano infatti esonerare definitivamente la giovane eroina dalle grandi sofferenze future che, all’opposto, l’autore serba per Jean Valjean. Cosette è inoltre, proprio in virtù del suo carattere fiabesco, legata a una sorta di passività che la dispensa da qualsiasi codice proairetico. Ella è, perciò, concepibile in quanto «oggetto» desiderato e rincorso, merce di scambio pagata a caro prezzo da Fantine (che per lei si prostituisce) e da Jean Valjean, che la compra ai Thénardier e che sacrifica la propria vita pur di renderla felice.
Più che un personaggio Cosette si rivela, allora, una figura poetica, come testimoniano gli appellativi di «angelo» e «fiore» che Marius riserva a più riprese alla sua sposa. Limpida e trasparente come acqua di fonte, Cosette resta fino alla fine «la bambola» che Hugo aveva pensato già dal 1848, senza tuttavia perdere la propria emotività. In essa si mescolano un po’ Léopoldine, figlia adorata e prematuramente persa da Hugo, un po’ Adèle, moglie dell’autore, un po’ Juliette Drouet, sua antica amante: figura inevitabilmente cara a Hugo, Cosette sprigiona l’idea di primigenia purezza che la rende la presenza più soave de I miserabili. 
Letteratura europea Utet

Claire Danes 1998


Anne Hataway nel ruolo di Fantine

Elle était jolie

Un jour Cosette se regarda par hasard dans son miroir et se dit : Tiens ! Il lui semblait presque qu’elle était jolie. Ceci la jeta dans un trouble singulier. Jusqu’à ce moment elle n’avait point songé à sa figure. Elle se voyait dans son miroir, mais elle ne s’y regardait pas. Et puis, on lui avait souvent dit qu’elle était laide ; Jean Valjean seul disait doucement : Mais non ! mais non ! Quoi qu’il en fût, Cosette s’était toujours crue laide, et avait grandi dans cette idée avec la résignation facile de l’enfance. Voici que tout d’un coup son miroir lui disait comme Jean Valjean : Mais non ! Elle ne dormit pas de la nuit. — Si j’étais jolie ? pensait-elle, comme cela serait drôle que je fusse jolie ! — Et elle se rappelait celles de ses compagnes dont la beauté faisait effet dans le couvent, et elle se disait : Comment ! je serais comme mademoiselle une telle !
Le lendemain elle se regarda, mais non par hasard, et elle douta : — Où avais-je l’esprit ? dit-elle, non, je suis laide. — Elle avait tout simplement mal dormi, elle avait les yeux battus et elle était pâle. Elle ne s’était pas sentie très joyeuse la veille de croire à sa beauté, mais elle fut triste de n’y plus croire. Elle ne se regarda plus, et pendant plus de quinze jours elle tâcha de se coiffer tournant le dos au miroir.
Le soir, après le dîner, elle faisait assez habituellement de la tapisserie dans le salon, ou quelque ouvrage de couvent, et Jean Valjean lisait à côté d’elle. Une fois elle leva les yeux de son ouvrage et elle fut toute surprise de la façon inquiète dont son père la regardait.
Une autre fois, elle passait dans la rue, et il lui sembla que quelqu’un qu’elle ne vit pas disait derrière elle : Jolie femme ! mais mal mise. — Bah ! pensa-t-elle, ce n’est pas moi. Je suis bien mise et laide. — Elle avait alors son chapeau de peluche et sa robe de mérinos.
Un jour enfin, elle était dans le jardin, et elle entendit la pauvre vieille Toussaint qui disait : Monsieur, remarquez-vous comme mademoiselle devient jolie ? Cosette n’entendit pas ce que son père répondit, les paroles de Toussaint furent pour elle une sorte de commotion. Elle s’échappa du jardin, monta à sa chambre, courut à la glace, il y avait trois mois qu’elle ne s’était regardée, et poussa un cri. Elle venait de s’éblouir elle-même.
Extrait des Misérables (quatrième partie, Livre troisième, chapitre V) de Victor Hugo

Virginie Ledoyen 2000
  Amanda Seyfried 2012

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